Samedi dernier, en Espagne, il y a eu une accélération dans la lutte contre le racisme. Lors de la 30e journée de la Primera RFEF (D3 espagnole), les joueurs du Rayo Majadahonda ont décidé de quitter le terrain lors du match contre le Sestao River Club.
À moins de cinq minutes de la fin du match, les coéquipiers de Cheikh Kane Sarr ont quitté le terrain, suite à des insultes racistes proférées à l’encontre du gardien sénégalais par certains supporters de l’équipe adverse situés derrière les buts.
Deux jours après, le joueur qui célébrera son 24e anniversaire le 21 avril prochain décide enfin de s’exprimer dans l’émission “El Partidazo de COPE“ avec Juanma Castaño, lundi soir.
J’ai vécu des choses que je n’avais jamais vécues de ma vie.Ce que j’ai vécu ce samedi a été horrible, c’était une journée horrible pour moi car je n’avais jamais vécu ça auparavant dans le football. Ils ont commencé en seconde période, entre la 50e ou 60e minute, quelque chose comme ça. Il (le supporter qui a commencé les insultes) a commencé à dire des choses étranges, des cris de singe, beaucoup de choses qui sont très laides. Puis ils étaient plusieurs. La vérité c’est que ça m’énerve.
Je suis allé chercher de l’eau et j’ai vu un garçon qui avait un foulard et une capuche, relate t-il. On ne voit pratiquement que ses yeux. Quand j’ai commencé à boire, il s’est rapproché de moi et m’a insulté. Ils étaient en train de tout dire : « putain de noir, fuis, noir de merde ». Des choses comme ça à ce moment-là, je ne pouvais pas tenir plus longtemps. Cela m’a mis en colère. Si je suis allé vers lui, je ne l’ai pas fait par geste agressif, je voulais juste lui demander pourquoi il m’insultait. La vérité est qu’une personne âgée n’est pas obligée d’agir ainsi. Je ne sais pas quel âge il a, mais il a peut-être atteint la cinquantaine .
🚨 Esta noche, Cheikh Sarr, portero del @RMajadahonda, en @partidazocope
😳 "Me dijeron 'puto negro' y 'corre, negro de mierda'. Fue un día horrible"
💣 La entrevista completa a las 23:30h con Juanma Castaño
📻 #PartidazoCOPE pic.twitter.com/sDvfI2CwYM
— El Partidazo de COPE (@partidazocope) April 1, 2024
En raison de sa réaction purement humaine, Cheikh Kane Sarr s’est vu attribuer un carton rouge direct par l’arbitre de la rencontre, Francisco García Riesgo. De plus, il est possible que le gardien de but sénégalais soit soumis à des sanctions sévères, ce qu’il trouverait difficile à comprendre.
Au moment où je buvais, on venait de me marquer un but et l’arbitre était au milieu du terrain, il n’était pas là et il n’a rien vu quand mes coéquipiers m’éloignaient. L’arbitre est venu mais n’a rien demandé et il m’a donné un carton rouge. Je ne peux pas comprendre ça. Il ne m’a rien dit. L’arbitre ne m’a pas défendu. Je suis allé lui parler avec tout le respect du monde, mais il n’a rien expliqué du carton rouge. Cela me paraissait étrange.
Si je pleurais ? J’ai presque pleuré. Mais c’est la vie. Qu’est-ce qui va se passer? Je ne sais pas. Il y a quelqu’un qui doit prendre des décisions. Je pense que nous devons nous défendre contre le racisme. Mon opinion est qu’une personne qui a subi du racisme ne devrait pas être punie. Je serais surpris. S’il me sanctionne, cela ne me semblerait pas juste. Une personne ne peut pas vivre une situation telle qu’elle est et elle se retrouve aussi sanctionnée. Je ne peux pas comprendre cela, mais si je dois l’accepter, que dois-je faire ? Cela ne m’est jamais arrivé .
Peu de temps après l’incident au Stade Las Llanas, Vinícius, l’une des figures emblématiques du Real Madrid et un fervent défenseur de la lutte contre le racisme, a exprimé son soutien à Cheikh Kane Sarr sur les réseaux sociaux. L’ancien gardien de but du Gimnàstic de Tarragone et du Recreativo Granada tient à adresser ses salutations à l’attaquant brésilien.
Je suis à mort avec Vinícius, car il a connu beaucoup de racisme. Le racisme n’a pas de place dans le sport. Je suis très fier de Vinicius, pour sa façon d’agir, de manifester contre le racisme. Je le remercie de m’avoir soutenu et de lutter contre le racisme. Mais il ne peut pas le faire seul. Si tous les joueurs noirs étaient comme Vinícius, le racisme prendrait fin